«Ne mettriez-vous pas votre expérience réussie au service de l’État arménien?»
«"Pourquoi? Y a-t-il quelqu'un qui a besoin de conseil ou qui aimerait bénéficier de mon expérience?»
M. Patrick Devedjian répondait à ma question, lors du Forum économique d'Erevan dans le cadre du Sommet de la Francophonie 2018 où nous étions co-présentateurs. M. Devedjian était le défunt ministre français des Finances et le Président du conseil départemental des Hauts de Seine, le département le plus riche de France.
Malgré l'atmosphère enchanteresse résultant de la révolution de velours, nous étions tous les deux clairs que les administrations consécutives en Arménie ne sentaient pas le besoin de conseillers « redondants ». Le réveil de l'euphorie a été dur. Aujourd'hui, la conviction largement répandue en Arménie et dans les diasporas est que le gouvernement de la République d’Arménie a commis des erreurs de manœuvre géopolitique au cours des trois dernières années et continue ainsi, faute de conseils appropriés. Malheureusement, les choix politiques actuels sont ressentis comme limités entre les corrompus ou les incompétents. Pendant ce temps, l'État d'Arménie semble aller dans une direction incertaine comme sur une plaque tectonique.
Il est grand temps que la République d'Arménie fasse appel aux compétences de la diaspora dans différents domaines, jusqu'ici ignorées. Il est également grand temps que la diaspora, la partie la plus large et à part entière de la nation arménienne, se réunisse et prenne ses responsabilités.
L’Arménie est à la croisée des chemins face au défi pressant des négociations cruciales. Il est primordial d'agir avec sagesse compte tenu des défis à venir et avec la souplesse nécessaire dans un contexte géopolitique régional fluctuant.
Dans le souci de consolider l'État arménien dans ces négociations, je propose de former un groupe de réflexion composé d'individus d'Arménie et des diasporas, tous des penseurs indépendants respectés, capables et désintéressés, tous respectueux de la constitution arménienne, ayant pour souci de maintenir l’état de droit et de démocratie, pour établir des feuilles de route et devenir membres d'un conseil consultatif du gouvernement.
Le groupe de réflexion pourrait suggérer la formation de différents groupes de travail pour définir des feuilles de route dans des domaines tels que :
1. La Constitution et les lois, avec les missions de
a. réviser la constitution,
b. envisager éventuellement des élections proportionnelles et de nouvelles règles de partis politiques,
c. permettre éventuellement aux arméniens de la diaspora d'avoir le droit de voter et d'être élus.
Les dates des élections devraient être fixées dans un délai qui permettrait l'émergence de nouvelles forces autres que celles impliquées dans les administrations passées et présentes.
2. L’éducation/ La culture civique
3. Le développement économique
4. Le complexe militaro-industriel national
5. La politique étrangère
6. Administration – amélioration des performances
7. Réinstallation
De par sa nature et le caractère de ses participants, l'initiative ci-dessus inspirera confiance, renforcera l'état arménien et sa stature de négociation, et contribuera à le mettre sur la bonne voie. En effet, « Quand la prudence fait défaut, le peuple tombe; Et le salut est dans le grand nombre des conseillers » *
Par la présente, j'appelle le Premier Ministre arménien à entreprendre la formation du groupe de réflexion susmentionné, avec des droits et des obligations définis.
J'invite les politologues et analystes de la diaspora à placer les intérêts nationaux au-dessus du partisan et du personnel, à se rendre ensemble disponibles pour la mission ci-dessus et à suggérer une feuille de route pour l'Arménie.
* Proverbes 11 :14