Diaspora

Née du grand exode et dispersée à la travers le monde, la Diaspora arménienne a développé des fonctionnement internes, selon les particularités locales de chacune des communautés.

Situation, opportunités, organisation

The Diaspora embodies power and represents a value which, however, is unorganized, mostly unused and unrevealed by the Armenian political leadership. How is it possible to revitalize and modernize the Diaspora in parallel to shaping and establishing our pro-state and pan-Armenian way of thinking, thus putting it at the service of factual strengthening of Armenia, the Diaspora itself and establishing of a horizontal inter-Diaspora cooperation?

Etat des lieux

Née du grand exode et dispersée à la travers le monde, la Diaspora arménienne a développé des fonctionnement internes, selon les particularités locales de chacune des communautés.

Ainsi, se sont formées les communautés orientales où la langue, la culture et les traditions reposaient sur une base arménienne plus forte et où la communication avec l'environnement local et l'assimilation à celui-ci étaient plus difficiles en comparaison avec les communautés occidentales, d'Amérique latine ou des pays ex-soviétiques. Pourtant, dans ces communautés occidentalisées, une vie culturelle et éducative arménienne riche s’est également développée, mais qui s’est érodée progressivement. Le nombre de personnes pensant en arménien et vivant dans l’arménité y a diminué, laissant place aux citoyens dits « d'origine arménienne ».

Les Arménien sont différents les uns des autres, non seulement par la culture de leur pays de résidence et selon leur milieu familial ou social, mais également, par exemple, par leur degré d’implication dans la vie communautaire, vie sociale et culturelle, par leur manière d’être arménien (est-ce qu’ils vivent ou pratiquent cet arménité uniquement dans l'environnement familial ou plus largement, ne sachant parler l’arménien ou parlant l’arménien mais ne pensant, ou encore, ne créant pas dans cette langue et ainsi de suite ?) D’autre part, il faut tenir compte, désormais, et principalement dans les diasporas occidentales, des compatriotes qui ont émigré d'Arménie au cours des dernières décennies, apportant une énergie nouvelle, vivant dans l'isolement ici et là, ne se mêlant pas à la diaspora traditionnelle, créant des structures culturelles et éducatives encore modestes (selon les pays), mais qui montrent dans le même temps une forte implication aux activités organisées le 24 avril ou aux actions humanitaires et aux manifestations au profit de l'Artsakh.

Il convient de saluer et de considérer l’importance de la résurgence, au cours des dernières décennies, d'Arméniens parfois considérés comme assimilés ou indifférents, qui nous apportent la démonstration de leur sentiment d'appartenance arménienne, influencés par des événements spéciaux, tels que le tremblement de terre de 1988, la guerre de libération de l'Artsakh des années 90, la guerre de quatre jours de 2016, les espoirs d'une nouvelle Arménie nés suite au changement de gouvernement en 2018, et enfin, la dernière guerre d'Artsakh, malgré la déception et la détresse qu’elle a engendrées à cause des pertes humaines et territoriales.

Par Diaspora, l’on doit également comprendre, en particulier dans l'esprit de la Diaspora traditionnelle, les communautés de l'ex-Union soviétique, d'Europe orientale et centrale, ainsi que des pays d'Extrême-Orient et même de certains pays africains, qu'elles soient grandes ou petites, nouvelles ou anciennes.

Et on peut clairement affirmer que nous avons une diaspora avec un potentiel riche et des opportunités immenses partout dans le monde, qui ne sont pas valorisés et exploités.

Il ne faudra pas perdre d’esprit que la Diaspora c’est déjà une vie organisée autour de différentes structures, écoles, centres culturels, églises, des partis et des associations caritatives, professionnelles et de jeunesse. La Diaspora est le fruit d’une histoire, avec ses acteurs et ses événements marquants. La Diaspora, c’est, en particulier pour l'Arménie, un cœur qui bat. La Diaspora a et aura, après tout, un avenir, même si beaucoup lui présagent une existence temporaire, en déclin, vouée à la disparition.

J'ai considéré cette brève introduction et ce diagnostic, assez familier à de nombreux lecteurs, utile avant de présenter une vision de la Diaspora, des pistes de réflexion sur des objectifs, ainsi que des exemples sur les moyens pour les atteindre.

Opportunités

La Diaspora, principalement créée à la suite d’une catastrophe ayant engendré de lourdes pertes, s’est transformée en un avantage quantitatif et qualitatif, qui en plus d’avoir permis la préservation d'une partie de la nation, a assuré son développement humain et notamment intellectuel et culturel, auquel il faut ajouter ces dernières décennies l’apport de nos compatriotes venus d’Arménie et leur contribution en matière de langue (malgré les différences), d’expression culturelle et de coutumes.

Ensemble, ils forment l'épine dorsale de notre diaspora et de notre force pan-arménienne pour les décennies à venir. Cet avantage, qui n’est pas uniquement propre au peuple arménien, est le fondement sur lequel la réalité « d’une Arménie forte, une nation forte » doit être construite, non seulement dans une vocation centrée uniquement sur l’Arménie, mais aussi pour renforcer, réorganiser et transformer la Diaspora elle-même en un corps sain et dynamique.

Si nous essayons de faire une évaluation rapide des opportunités de notre diaspora, nous verrons que nous avons un grand nombre d’Arméniens œuvrant dans des domaines très variés : de l'artisanat à la science, de l’industrie militaire aux sports, de l'éducation (et pas seulement l'éducation arménienne) au culturel (et pas seulement la culture arménienne), du monde de l’entreprises aux technologies, d'âges et de lieux géographiques différents, dont les énergies ne sont pas mises en exergue cependant, ne disposant pas d'environnements ou de plates-formes horizontales pour se croiser et œuvrer ensemble.

D'un autre côté, ces personnes ont des niveaux de disponibilité variés, elles ont leur culture locale, elles ont leurs appréhensions et parfois la déception d’une expérience communautaire ratée. Il faut donc faire preuve d’ouverture et d’adaptation envers les individus, selon leurs particularités de lieu, de profession, d’expériences, car l'objectif est d’inculquer à ces personnes l’esprit d’appartenance collective et les inviter à participer à une action commune avec conviction , même si cette implication doit être, quelque part, profitable pour eux, que ce soit sur le plan émotionnel, un sentiment d'utilité, un sentiment de fierté, de solidarité ou sur le plan pratique et financier, comment établir de nouvelles connexions, ouvrir de nouvelles portes et faire avancer leur propre ambition personnelle ou professionnelle.

Même si cette participation doit être, quelque part, profitable pour eux, que ce soit sur le plan émotionnel, un sentiment d'utilité, un sentiment de fierté, de solidarité, ou sur le plan pratique et financier, comment établir de nouvelles connexions, ouvrir de nouvelles portes et faire avancer leur propre dossier.

Attentes

Quels problèmes la Diaspora devrait-elle résoudre, à la fois pour elle-même et pour l'Arménie ? Et quelles sont ses limites et ses difficultés ? Je mentionnerai un certain nombre de défis, en admettant que chacun de nous puisse avoir sa liste de priorités.

Mais notons à l'avance que l'existence d'un État fort et durable passera à terme par le rapatriement, qui constitue le grand défi des temps futurs.

En attendant ou parallèlement à ce défi, nous avons plusieurs agendas à mettre en exécution, comme celui de rehausser l'image de l'Arménie et des Arméniens, le soutien à la politique étrangère, repenser, puis renforcer et diffuser l'identité arménienne, le développement scolaire, comme réseaux et comme programmes, l'identification des potentialités individuelles et collectives dans le but de les impliquer dans les activités communautaires, l’incitation à la natalité, oui, même en Diaspora, la coopération inter-diasporique, la participation aux actions publiques de l’Etat arménien, Etat central et instances territoriales, en commençant par le développement rural, les programmes d'investissement économique et la promotion des exportations, ainsi que l'ouverture de nouveaux marchés, le renforcement du système de santé et des programmes humanitaires, jusqu’à la diffusion d'œuvres culturelles à la communauté internationale, en passant par le nécessaire saut qualitatif de la science et de l'éducation jusqu’à la mise en place d'une coopération internationale pertinente dans ces domaines.

Chaque proposition susmentionnée peut être ultérieurement discutée en détail, comme par exemple la préparation des manuels scolaires ou la formation de professeurs de langue arménienne dans le domaine de l'éducation, la création d'équipes de communication pour appuyer la politique étrangère de l’Arménie parallèlement à la montée en puissance et en efficacité des actions de la Cause Arménienne, ou encore, dans l’économie, le développement des infrastructures touristiques, la promotion de la destination Arménie, ainsi que l'augmentation du nombre de touristes étrangers.

En d'autres termes, les défis sont nombreux et variés. Il y a du travail les amis.

L'un des plus gros problèmes de la Diaspora c’est son mode de fonctionnement dépassé avec les mécanismes et les réflexes des temps passés en ce 21ème siècle.

La Diaspora est gouvernée dans ses différentes structures et à différents niveaux par des méthodes souvent archaïques, qui se heurtent au grave problème de l'incompatibilité de ces structures et de leur style de travail avec le monde professionnel et moderne, celui des personnes qualifiées et surtout les jeunes. Parmi ces derniers, certains, à l'intérieur de ces mêmes structures, essaient d'y apporter leur contribution en obéissant, finalement, à des règles obsolètes, en s'adaptant eux-mêmes à elles, au lieu de pousser à les moderniser, dictés en cela par le sens du devoir, malgré tout.

Les structures traditionnelles sont restées traditionnelles au sens archaïque du terme. Et ce sont ces mêmes structures et leurs responsables ou militants pour la plupart indiscutablement dévoués qui, souvent, ne sont plus en phase avec les défis actuels, et qui sont parfois invités à proposer eux-mêmes de nouvelles approches pour l’avenir de la Diaspora.

Au mieux, ils apportent des améliorations cosmétiques, suivant l’avis d’un dirigeant qui, de par son expérience et ses réussites personnelles, a quelques avances sur eux et dont ils considèrent l’idée de réforme comme un chef d’œuvre à mettre en pratique, jusqu'à ce que le sujet perde de son actualité et tombe dans les bras de l’oubli.

Et vient enfin la question cruciale : Que peut nous apporter une diaspora forte ? Comment la réorganiser, la repenser ?

Vision nationale

Tout d’abord, pour déterminer quelles sont nos attentes vis-à-vis de la Diaspora, nous devons nous poser la grande question, à savoir quelle est notre vision nationale (étatique et pan-arménienne), notre doctrine ?

En avons-nous une ? Ou est-ce que la proclamation faite par les autorités dans un passé récent que "nous devrions être cinq millions en Arménie en 2050, ou nous devrions avoir des start-up valorisées à des milliards de dollars, ou une équipe nationale de football gagnant la Coupe d’Europe" résume notre vision ?

Nous avons besoin d'une formulation plus sérieuse et plus pragmatique qui présuppose un plan d'action clair qui détermine qui nous sommes, quelle est notre place sur la carte mondiale dans les domaines militaire, scientifique, technologique, éducatif, économico-financier, culturel et politique.

En pratique ?

Dans tous les cas, la Diaspora a déjà mené diverses actions pour l'Arménie, qu'elles soient coordonnées avec l'État ou non, et cela représente une contribution précieuse, hors d'Arménie à travers des organisations non gouvernementales défendant les intérêts politiques de l'État arménien, comme les bureaux du Hay Tad, ou en Arménie, à travers l'aide humanitaire, les visites touristiques ou les investissements financiers, ainsi qu'à travers le rapatriement d’un nombre, certes encore insuffisant, d’Arméniens.

Une diaspora mieux organisée peut davantage contribuer à la défense des intérêts de l'Arménie et à accroître son influence par des voies alternatives.

Nous devons être reconnaissants pour les actions réalisées en faveur de la Cause Arménienne à ce jour par les diverses organisations et les considérer comme la base d’un programme plus approfondi et plus élargi de demain. Dans le même temps, il faut reconnaître et objectivement accepter que face aux problématiques existentielles et les défis de développement du peuple arménien, il est nécessaire de mobiliser des ressources supplémentaires, de les former et créer des outils opérationnels appropriés.

La Diaspora peut fournir à nos représentations diplomatiques, faibles et limitées en ressources, des talents et des expertises suffisantes pour aider à la réalisation de programmes généraux ou spécifiques de politique étrangère, de la planification à la mise en œuvre, grâce à leurs connaissances des langues locales et à leurs carnets d’adresses.

Ils peuvent mettre en place des projets de coopération économique, des visites de travail en Arménie, et généralement des coopérations avec l'Arménie dans les domaines culturel, éducatif, scientifique, sportif, sanitaire, agricole et dans de nombreux autres domaines, aux côtés et en coordination avec des associations et des individus déjà en action, ce qui relèvera le niveau des relations inter-étatiques.

Ceci, bien sûr, suppose de faire monter parallèlement en compétence les personnels diplomatiques des ambassades, ce qui leur a généralement fait défaut depuis la nouvelle indépendance de l’Arménie, sans vouloir généraliser ce constat sur l’ensemble des cadres diplomatiques.

Prenons l'exemple de l'économie. L’histoire du monde montre qu’en fin de compte, l’expansionnisme et les politiques étrangères en général, outre des motifs purement politiques et militaires, cherchent à obtenir des avantages économiques.

La majorité des Etats, petits et grands, ont des bureaux de développement économique et commercial dans des dizaines de pays. Ces dernières années, certains pays ont réorienté leurs activités de développement économique vers des objectifs plus ciblés, souvent en coordination avec l’ambassade de leur pays, voire même opérant à partir même des ambassades.

Ainsi, par exemple, le ministère français des Affaires Etrangères s’est vu se greffer à son nom il y a quelques années l’appellation de Développement International, dont l'une des principales fonctions était d'assurer le développement économique de la France dans le monde. Dans notre cas, dans une action coordonnée par le ministère des Affaires Etrangères et celui de l’Economie et avec une coopération intelligente entre une Chambre de Commerce et d’Industrie d'Arménie revitalisée et ses représentations internationales renouvelées (ou autre structure similaire), des hommes d'affaires et des professionnels de la Diaspora et les ambassades, nous pourrons faire avancer des projets de développement économique de l'Arménie.

En d'autres termes, il faut repenser la stratégie inclusive de coopération générale et sectorielle. A l’instar de cet exemple de coopération économique, la même approche peut être appliquée, tout en tenant compte des particularités de chaque domaine, à la culture, à l'éducation, à la science et à de nombreux autres domaines.

Le programme de réorganisation de la Diaspora et la coopération Arménie-Diaspora doivent être considérés comme une contribution, une participation de la Diaspora en direction de l'Arménie, mais poursuivre également l’objectif de la dynamisation de la Diaspora elle-même en vue du renforcement de ses propres structures, de ses projets et en vue du soutien à l’individu arménien en Diaspora, et enfin, comme un investissement de l'Arménie dans la vie de la Diaspora.

Tout cela suppose, en plus d’un plan général, la forte implication de tous les ministères d'Arménie dans cette mission, tous sans exception, et bien sûr, le rétablissement du ministère de la Diaspora sur une base solide, en plus d’un investissement financier extraordinaire, avec une logique de retour sur investissement conséquent, qu’il s’agisse de rendement moral ou économique. Par conséquent, nous devons ancrer dans nos esprits l'idée qu’une telle ambition ne peut se réaliser pleinement sans un investissement financier d’envergure mis en place à travers des solutions à la fois classiques et innovantes, en se basant sur des ressources apportées par la Diaspora (sans se limiter aux ressources arméniennes), par le budget de l'État d’Arménie et par les entreprises arméniennes, qui peuvent y être encouragées en échange d’avantages fiscaux et autres privilèges.

Il est vrai que l’on aborde là un sujet qui dépasse le cadre strict de l’organisation de la Diaspora, mais cela démontre que toutes les questions sont interconnectées de sorte que seule la coordination générale peut nous sortir des solutions partielles et bricolées.

Réorganiser la Diaspora

Pour revenir à la Diaspora, je voudrais noter que sa réorganisation doit être basée sur la valorisation de l’individu arménien, en donnant de la visibilité et de l’écho à ses réflexions, à sa voix et à son travail.

Pour cette raison, il est nécessaire de créer des lignes de communication horizontales à la fois dans un pays donné et dans la diaspora dans son ensemble, en utilisant les moyens de communication actuels, mais aussi de nouveaux environnements de communication directe, plus attrayants et enrichissants, où la majorité silencieuse aura autant d'espace d’expression que les acteurs traditionnels de la Diaspora, souvent tombés dans la routine et l’épuisement, où les premiers nous surprendront certainement par leur fraîcheur, leur singularités et leur expériences.

Cette Diaspora renouvelée ne peut donc pas être efficace et perdurer dans le temps si son travail et ses actions ne sont pas planifiés, réfléchis et coordonnés. Notre plus grand ennemi, sera l’échec, qu’il faut à tout prix écarter, sachant que de nombreuses forces tenteront d’entraver notre marche.

Mais comment coordonner et construire toute cette organisation? L'une des suggestions, qui est le résultat de discussions menées par un groupe de compatriotes ces dernières années, est que les Arméniens intéressés par ce projet dans chaque communauté participent à des élections communautaires, élections, qui formeront un Parlement de la Diaspora, dans lequel siègeront les représentants élus des communautés.

Et c'est là que se formera le futur Conseil de la Diaspora. Si ce Parlement et son Conseil n'auront pas dans un premier temps un impact direct et fort sur les Arméniens au niveau individuel, au niveau des organisations ou des communautés, année après année et après quelques ajustements, faisant preuve de maturité démocratique, de capacité d'expression, de haut niveau de discussions, ils acquerront une stabilité organisationnelle et une vision d’avenir, ils gagneront une place respectée et légitime non seulement dans la Diaspora, mais également face à la République d'Arménie en tant que partenaires fiables et reconnus.

Ce parlement, et le Conseil qui en découlera, comprendront toutes les anciennes et nouvelles forces organisées, des individus de différentes sphères et de différents environnements où les Arméniens de la Diaspora classique et les Arméniens de la nouvelle diaspora récemment émigrée d'Arménie se rencontreront, apprendront à se connaître et formeront progressivement les conditions d’une Nation Unie, celles d’être ensemble et d’œuvrer ensemble.

Dans cette Diaspora revue et repensée, la recherche, le développement et la confrontation des idées deviendront une partie indissociable de l'activité interne, qui créeront les meilleurs mécanismes pour produire les leaders de demain.

Ce parlement et ce Conseil doivent être guidés par une Constitution à vocation nationale, unificatrice et constructive, adoptée par avance par les acteurs de cette construction diasporique.

Sans une diaspora réorganisée, chacune de ses communautés sera laissée seule face à ses problèmes et dans ses initiatives, non informée et isolée des autres. Le danger de fermeture d’une école dans une communauté, une œuvre culturelle et sa diffusion, la recherche d'un stage ou d'un emploi professionnel pour nos jeunes, la mise en œuvre d'un projet en Arménie ne doivent pas rester sujet d'un individu, d’une association ou d’une communauté, mais si nécessaire et si possible, doivent également être partagés avec d’autres ou tous les autres.

Ainsi, les communautés éloignées et mal organisées, souvent nouvellement formées, ne se perdront pas dans l'indifférence générale ou la compassion des autres, mais gagneront en force lorsque d'autres communautés ou l'État, pourquoi pas les deux ensemble, se mobiliseront pour les soutenir. Dans ce cas, il sera plus facile de tendre la main à une communauté sous la menace d’une guerre ou en crise économique ou de proposer de nouvelles opportunités à des personnes talentueuses pour les promouvoir au-delà de leurs propres frontières, et pas seulement dans un environnement arménien, ou encore de sauver une école en danger de fermeture.

Ainsi, nous réinventerons une manière de penser ensemble, de planifier ensemble, de partager des responsabilités ensemble et de travailler ensemble et créerons un environnement favorisant la pensée et l’action collectives, pan-arménienne. L’activité pan-arménienne ne restera pas seulement le privilège des grandes organisations. Ces dernières en garderont leurs avantages, mais ce privilège s'étendra à l'ensemble des acteurs.

De plus, les organisations à potentiel pan-arménien, couvrant une large géographie, ne réalisent pas nécessairement des programmes à vocation pan-arménienne, ne font pas participer à leurs programmes des ressources globales, autrement dit, elles sont implantées partout, comme les communautés, mais en réalité ne dégagent pas une synergie pan-arménienne à travers leurs projets, petits et grands. Ils sont globalement en relation les uns avec les autres, mais pas dans un schéma inclusif et de réciprocité. Ils auront, désormais, eux aussi l'occasion de s'impliquer et d’impliquer d'autres ressources à des initiatives qui dépassent le champ d’une organisation ou d’une communauté.

Le plus grand bien d'un tel système sera que partout, en plus des enjeux locaux, la pensée étatique et l'action en faveur de l’Etat arménien seront renforcées, ce qui constitue un élément déterminant pour bâtir l'Arménie

Je voudrais réitérer l’idée qu'il est nécessaire pour la direction de l'État d'Arménie, ses institutions et les forces politiques arméniennes les plus actives qu’elles mettent en œuvre une idéologie pan-arménienne (hamahaygagan) et d’adopter une vision d’avenir très ambitieuse à cet égard avec des programmes de la coopération Arménie-Diaspora par domaine d’activité, ainsi que des plans de suivi, qui nous font habituellement défaut.

La pensée étatiste et l’approche pan-nationale formeront la force motrice d’un passage de l’idée d’un "petit pays, une grande nation" à la dimension de "pays fort, une grande nation dynamique et unie".

Le potentiel réel des Arméniens, à la fois en Arménie qu’en Diaspora, est bien plus grand que ce que beaucoup perçoivent.

Enfin, il y a de nombreuses manières pour assurer la présence et la participation de la Diaspora dans les institutions étatiques et la vie publique de l'Arménie, de sorte qu’elles ne soient pas figuratives, ni fictives, mais réelles.

Ces réflexions peuvent être considérées comme un condensé des souhaits de milliers d’Arméniens, certes discutables et modifiables. Il est temps de faire le diagnostic de la situation et d'élaborer un plan stratégique pragmatique, loin des évocations théoriques et des demi-mesures insuffisantes et conservatrices.

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