Après Kreim, les antonins arméniens ont édifié le monastère Saint-Antoine-de-Padoue à Gazir sur le promontoire de Beit-Khochbao. La construction a débuté en 1753, au sommet d’une pente raide qui surplombe toute la baie de Jounié. Siège de l’abbé général de l’Ordre antonin arménien, il est devenu aujourd’hui celui de l’Ordre libanais maronite, mais conserve ses inscriptions arméniennes gravées dans sa pierre.
Beit-Khochbao signifie en syriaque le lieu de la méditation et de la tranquillité, ce qui révèle l’existence d’un sanctuaire antérieur. Il s’agit là d’une constante au Liban où les promontoires font office de site sacré depuis la plus haute antiquité. Par son emplacement et par son architecture, le monastère Saint-Antoine-de-Padoue est beaucoup plus imposant que celui du Saint-Sauveur. Son église, rajoutée en 1820, est monumentale et ses bâtiments présentent une allure défensive. Comme à Kreim, sa cour est fermée sur tous les côtés, ne profitant pas de la vue sur la mer, ce qui lui confère un aspect encore plus militaire.
L’entrée de l’église et celle du monastère sur la façade nord comportent des inscriptions arméniennes. Entre les deux, se trouve la plaque à la mémoire du poète polonais Jules Slowacki qui a composé à Beit Khochbao, en 1837, son chef-d’œuvre littéraire Anhelli. De là, l’accès se fait vers la cour à travers une aile surmontée des logements des moines. C’est une profusion de symboles qui marquent l’entrée de chaque cellule. Des croix trilobées ou fleurdelisées, aux rosaces de toutes sortes, en passant par les étoiles, le Sacré-Cœur et les inscriptions arméniennes, ce compartiment démontre l’art des constructeurs arméniens.