La diaspora arménienne de France et l'urgence d'une réforme

Alors que la société occidentale a évolué vers des structures de démocratie participative non partisanes et laïques, les communautés arméniennes de ces mêmes pays ont conservé leurs structures archaïques.
Ci-dessous des extraits de l'article de Daniel Kurkjian suggérant un modèle de société indispensable pour les communautés de la diaspora arménienne, à commencer par la communauté en France.


La situation est sérieuse !

Observons que la diaspora n'est structurée que localement et non globalement. Il n'y a pas de véritable liaison entre les différentes diasporas nationales d'une part, ni de vecteur de coordination entre ces diasporas et la République d'Arménie d'autre part.

La diaspora française, qui se considère comme l'une des diasporas les mieux structurées, a vu sa faible réalité pendant la guerre de 44 jours et encore ces dernières semaines.

En cherchant à renforcer les capacités et l'influence, il est nécessaire d'avoir une structure représentative des individus ainsi que des groupes qui composent cette diaspora. Et donc, la structure en question doit reposer sur un conseil d’administration élu par une assemblée générale qui élit lui-même un organe exécutif.
Les règles de quorum et de majorité doivent permettre de prendre des décisions efficaces et représentatives de la volonté de la majorité. Dans ces conditions, une telle structure peut revendiquer sa représentativité et se poser en interlocuteur du Président de la République et des pouvoirs publics, en se tenant bien entendu à l'écart de toute posture communautaire.

Les objectifs de cette organisation doivent aller au-delà des seuls sujets liés à la négation du génocide et englober tous les sujets liés à l'Arménie, en pleine collaboration et complémentarité avec les associations et autres organisations existant tant au niveau national que régional/local.

Cette instance représentative doit avoir des objectifs concrets, un programme destiné à promouvoir et faire rayonner l'identité arménienne en France. Il doit non seulement servir de trait d'union entre les Arméniens de la diaspora mais aussi nous mettre en valeur et maintenir notre rang dans la société française. Depuis plus d'un siècle, les Arméniens ont parfaitement démontré leur intégration dans la société française et leur contribution au développement de la France. Inviter le président de la République à un dîner annuel et organiser des manifestations lorsque l'Arménie est attaquée est nécessaire mais loin d'être suffisant.

Dans un deuxième temps, avec un recensement fiable et des outils adaptés, il faudra réfléchir à l'organisation d'élections démocratiques pour choisir nos représentants en Arménie.

En mettant en œuvre une influence sur l'environnement politique, institutionnel et économique : lobbying tous azimuts, incitation à embrasser une carrière politique pour augmenter le nombre de députés, sénateurs, élus locaux de la diaspora, etc… Il faut aussi intensifier la réflexion stratégique concernant l'Arménie et l'arménité dans les cercles de réflexion pour faire émerger, externaliser et publier de nouvelles idées. De plus, il faut nous doter de voies et moyens pour communiquer et faire entendre nos voix.

Je dis que c'est ambitieux et réaliste si on a la volonté et qu'on s'en donne les moyens. Les moyens sont avant tout des ressources financières et une équipe professionnelle. Des professionnels dédiés au fonctionnement de cette organisation, (et non des bénévoles) sous la supervision du Conseil d'Administration, pourront délivrer les résultats que l'ensemble de la Diaspora est en droit d'attendre.

Sur le plan des moyens financiers, un budget solide est nécessaire et créer un Fonds Arménien de France dédié aux besoins de la Diaspora en France avec toute la transparence et la sécurité garantissant la bonne utilisation des fonds collectés.

Enfin, cette nouvelle organisation représentative de la diaspora et ses dirigeants doivent manifester clairement leur solidarité avec l'Arménie.

L'avenir est notre responsabilité collective. Responsabiliser nos jeunes qui ont des idées et du dynamisme et qui oseront agir. Celle aussi de ma génération qui doit les inciter à prendre sa place.

Daniel Kurkdjian
Président du Conseil Français-Arméniens
www.francais-armeniens.com

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